Source : MyRHline

Souvent évoquée, rarement adoptée, la semaine de 4 jours revient dans le débat en France en ces temps de reprise post-crise. Depuis le lancement de cette proposition liée à la réduction du temps de travail dans les années 1990 en Europe, le contexte a évolué et de plus en plus de Français y sont favorables. Certaines entreprises ont d’ailleurs déjà adopté ce rythme de travail pour le moins ambitieux.

La semaine de 4 jours, une utopie ? Plus vraiment

Le 20 mai, en Nouvelle-Zélande, c’est la Première Ministre de Nouvelle-Zélande qui a remis la semaine de 4 jours au centre du débat. Jacinda Arden a ainsi affirmé qu’elle envisageait de réduire la durée du travail dans son pays : “J‘entends beaucoup de personnes suggérer le passage à la semaine de quatre jours. (…) J’aimerais encourager les chefs d’entreprises à y réfléchir : c’est un modèle qui pourrait fonctionner pour votre entreprise et qui aiderait certainement la relance du tourisme dans notre pays.”

La semaine de 4 jours, ou « partage du temps de travail », repose sur un principe simple : mieux partager le temps de travail dans le secteur privé comme public afin de favoriser l’embauche (et donc de réduire le chômage) et d’améliorer la productivité des collaborateurs ainsi que leur bien-être au travail.

Cette proposition est parfois soutenue par la classe politique, comme ce fut le cas dès les années 1990 avec Pierre Larrouturou, Jacques Delors et Gilles de Robien. En 2020, elle revient sur le devant de la scène RH, davantage du côté des entreprises que du côté des politiques.

Les recherches scientifiques ont démontré ces dernières années un lien probant entre la semaine de travail de 4 jours et l’augmentation de la productivité. Microsoft a par exemple annoncé en août 2019 que l’entreprise avait gagné 40 % de productivité au Japon en réduisant la durée de travail de 5 à 4 jours. Mieux concentrés, moins fatigués et plus motivés, les salariés travaillent plus efficacement avec cette réduction du temps de travail.

Travailler moins est aussi corrélé avec une santé améliorée, un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle ainsi qu’un risque amoindri de burn-out, selon différentes études.

Faut-il réduire le temps de travail pour relancer l’économie après la crise du Covid-19 ?

Les nombreuses raisons de passer à la semaine de 4 jours

Pour des raisons économiques, certaines entreprises ont déjà réduit (ou prévu de réduire) le temps de travail hebdomadaire de leurs employés. Les objectifs sont multiples : continuer à recruter, baisser légèrement les salaires et adapter le travail à la demande.

Un autre grand atout à la semaine de 4 jours sort quelque peu du cadre de l’entreprise : ce temps libre supplémentaire permettrait de relancer les secteurs les plus touchés par la crise, comme le tourisme, l’hôtellerie et la restauration. Reste à voir si le pouvoir d’achat des collaborateurs aux ⅘ permettrait cette hausse de la consommation, mais c’est un autre débat.

Enfin, travailler moins, c’est aussi polluer moins : non seulement l’entreprise et le collaborateur y gagnent, mais l’environnement en sort aussi vainqueur. Un tel alignement est assez rare pour être souligné.

La semaine de 4 jours a aujourd’hui de nombreux défenseurs à travers le monde, entre la Première Ministre Néo-zélandaise, le parlementaire Singapourien Mohamed Irshad, l’Américain Alex Soojung-Kim Pang, auteur de “Shorter : Work Better, Smarter, and Less” ou encore Olivier Sâles, PDG français de Love Radius.

Travailler moins et gagner plus grâce en mettant fin à la semaine de 5 jours, le pari de LDLC

LDLC, groupe français n°1 du high-tech et du matériel informatique a pris sa décision : en 2021, ses collaborateurs travailleront 4 jours et non plus 5. Le plus étonnant, c’est que contrairement aux théories mentionnées plus haut, les salaires ne vont pas être diminués, au contraire. Aucune heure de travail quotidienne supplémentaire ne sera d’ailleurs requise. Une semaine de 32 heures, donc.

Si plusieurs entreprises franchissent déjà le pas de la semaine de 4 jours en France, la majorité s’y refuse. Après des périodes de test, différentes expérimentations et encore quelques années d’évolution des cultures d’entreprise, peut-être qu’elle deviendra une nouvelle norme, mais cela reste à définir.

Brice SCHWARTZ