Source : Challenges
Il ne déstabilise pas que les managers, le télétravail désarçonne aussi les économistes.
Les travaux universitaires sur le sujet sont encore rares et ont du mal à appréhender son impact sur la productivité. Ses effets réels sont d’autant plus difficiles à mesurer qu’il existe un biais de sélection : le télétravail hors pandémie est souvent adopté par des salariés et des patrons volontaires, qui y voient un gain mutuel. C’est ce que rappellent la Banque de France et l’Insee dans des articles récents, qui pointent les enseignements divers et parfois contradictoires de la littérature économique.
L’étude de référence a été réalisée en 2015, par Nicholas Bloom, un professeur de Stanford, considéré comme le gourou académique du télétravail. Elle s’appuie sur une expérience menée dans le call center d’une agence de voyages en ligne chinoise. Des salariés ont été désignés de manière aléatoire pour travailler à la maison quatre jours sur cinq tandis que les autres restaient dans les locaux. A la clé, une hausse de 13 % des performances, dont 9 % liés à une diminution des pauses et des arrêts maladie, et 4 % à une hausse du nombre d’appels par minute, attribué à un environnement de travail plus serein. L’entreprise, qui a pérennisé en partie le dispositif, a aussi réalisé des économies en réduisant les espaces de bureaux.
Une autre étude, d’Antonin Bergeaud et Simon Ray, publiée en septembre, confirme l’intérêt du télétravail pour assouplir les contraintes liées à l’immobilier, qui pèse de plus en plus dans les coûts de fonctionnement d’une entreprise et peut constituer un frein à l’embauche. De son côté, l’économiste Gilbert Cette relève que « les gains de transports sont autant de gains de productivité. Mieux dans leur peau, les salariés sont aussi plus productifs ».
Effets négatifs
D’autres travaux empiriques sont toutefois moins enthousiastes. Une enquête, menée par trois économistes portugais sur un échantillon d’entreprises locales, constate une baisse moyenne de 2 % de[…]