Les Français travaillent 350 heures de moins qu’au milieu des années 1970, d’après la dernière édition du portrait social de l’Insee. Une diminution liée aux réductions collectives du temps de travail et à l’évolution de la structure du marché de l’emploi. Explications.
Une diminution en trois étapes
Entre 1975 et 2018, la durée annuelle du travail de l’ensemble des salariés diminue de près de 350 heures pour atteindre 1609 heures. Cet indicateur mesure le temps de travail réellement effectué annuellement par les actifs en emploi, à temps complet ou partiel, salariés et non-salariés. La baisse la plus importante intervient entre le début des années 1970 et 1982. Elle est liée à la prise en compte de la quatrième semaine de congés payés instaurée en 1968 et à la montée en charge du salariat (90% des emplois aujourd’hui).
En 1982, les salariés bénéficient d’une cinquième semaine de congés payés et du passage de 40 à 39 heures de travail hebdomadaire. La période suivante montre une baisse continue jusque dans les années 2000, notamment lors du passage de la durée hebdomadaire de travail à 35 heures. La nouvelle réduction du temps de travail a été effective pour toutes les entreprises, quel que soit le nombre de salariés, à partir de 2002. Depuis vingt ans, la durée du temps de travail se stabilise, notamment sous l’effet des mesures d’assouplissement des 35 heures.
L’essor du temps partiel
Le travail à temps partiel (durée de travail hebdomadaire inférieure à 35 heures) a contribué durant les quarante dernières années à faire diminuer le temps de travail effectif annuel et son essor sur la période est considérable.
La part de salariés à temps partiel dans l’emploi a plus que triplé, passant de 6% dans le milieu des années 1970 à plus de 19% en 2018. Une hausse liée à l’accélération de l’entrée des femmes sur le marché du travail entre 1970 et 1990. Elles sont aujourd’hui à 30% au travail à temps partiel contre 8% chez les hommes. Le temps partiel a également été favorisé par l’augmentation de l’emploi tertiaire (services, santé, restauration…).
Enfin des mesures politiques incitatives instaurées au début des années 1990 ont également favorisé le travail à temps partiel. En 1992, par exemple, un abattement de cotisations patronales sur les emplois à temps partiel avait été instauré dans le secteur privé avant de disparaître progressivement dans les années 2000.
Plus de travail atypique
La flexibilité des horaires s’est intensifiée, d’après l’Insee, avec la mise en place de la réduction de la durée légale du travail à 35 heures. La modulation du temps de travail entraîne le développement ou bien l’intensification des horaires atypiques (travail le dimanche, de nuit, etc.).. Plus d’un quart des actifs (28 %) déclarent avoir travaillé au moins un dimanche par mois au cours de l’année 2016, contre 12 % en 1974. Entre 2000 et 2009, de multiples décrets se sont succédés, permettant de déroger à la règle du repos dominical, comme le note l’Insee. Et ce, non seulement dans la fonction publique. Mais aussi dans les centres d’appel de renseignement, les dépannages, les établissements de commerce de détail d’ameublement, et enfin dans les communes et zones touristiques et thermales , ainsi que dans certaines grandes agglomérations pour les salariés volontaires.
Les Français comparés à leurs voisins
La baisse du temps de travail est une tendance que l’on retrouve dans tous les pays développés, selon l’OCDE. Ainsi, l’Allemagne, avec 1363 heures annuelles a connu l’une des plus fortes baisses: plus de 10% depuis 1995, quand la France enregistre une diminution de 5% sur la même période. Cette dernière affiche en 2018, selon les chiffres de l’OCDE, une moyenne annuelle de 1520 heures de travail contre 1734 pour l’ensemble des pays de l’Organisation.
L’Hexagone apparaît comme un des pays développés où la durée de travail est la plus faible. Selon une note de la Direction générale du Trésor, publiée en juin 2019, la France se distingue par un nombre élevé de jours de congés, mais aussi par des travailleurs qui entrent plus tard et sortent plus tôt du marché de l’emploi. En France, le taux d’emploi des seniors reste faible, à 52%, alors que dans les pays de l’OCDE, 61% des personnes âgées de 55 à 64 ans sont encore en emploi.